Qu’est-ce que l’Arrêté Interruptif de Travaux ? (AIT)
Ça y est vous venez de recevoir un courrier, et avec un coup sur la tête. Vous découvrez alors un terme barbare l’Arrêté Interruptif de Travaux (AIT). Dans cet article nous tâcherons de vous guider dans cette notion et dans les voies qui s’ouvrent à vous pour la reprise de votre chantier.
La définition:
L’arrêté interruptif de travaux (AIT) est une mesure de préservation établie conformément à l’article L480-2 du Code de l’urbanisme. Cette mesure peut être appliquée dans des situations telles que la mise en œuvre d’une construction sans autorisation ou le non-respect d’une autorisation préalablement accordée, comme dans le cas d’un permis de construire.
la mairie a arrêté mon chantier, comment faire ?
Concrètement dans quel cas peut-on subir un arrêt des travaux ?
Pour qu’un arrêté interruptif de travaux soit envisageable, il est impératif que les travaux soient inachevés et qu’un procès-verbal de constat d’infraction soit établi, devant être transmis au Procureur de la République compétent près le Tribunal correctionnel.
Quelles responsabilités incombent au Maire avant l’adoption de l’Arrêté?
Avant de prendre une telle mesure, le maire a l’obligation de solliciter les observations du pétitionnaire du permis de construire non respecté ou du constructeur. Cette procédure contradictoire se matérialise généralement par l’envoi d’un courrier recommandé demandant des observations écrites ou orales sur les travaux litigieux, dans un délai de 7 à 10 jours, en fonction des circonstances, de la nature de l’ouvrage et du calendrier.
Cependant, en cas d’urgence dictée par les conséquences dommageables des travaux et la nécessité de les interrompre rapidement (comme stipulé par le Conseil d’État le 10 mars 2010 dans l’affaire Thevenet, n° 324076), le maire peut déroger à la procédure contradictoire.
Comment le Maire adopte-t-il l’Arrêté Interruptif de Travaux?
L’arrêté interruptif de travaux est ensuite émis par le maire au nom de l’État. Dès sa prise, le maire peut mettre en place des mesures immédiates pour assurer son application, telles que la pose de scellés ou la saisie du matériel de chantier.
Il est important de souligner que ces mesures, distinctes de l’arrêté interruptif de travaux, doivent être motivées et suivre la procédure contradictoire de demande d’observations, à moins qu’une situation d’urgence ne soit justifiée.
Quels pouvoirs supplémentaires le Maire peut-il exercer après?
Le maire peut également ordonner l’exécution, aux frais du constructeur, des « mesures nécessaires à la sécurité des personnes et des biens » dans le cas de constructions sans permis de construire ou de poursuite des travaux malgré la suspension du permis par une ordonnance préalable du Tribunal Administratif.
Comment contester un Arrêté Interruptif de Travaux ?
Un arrêt interruptif de travaux représente un acte administratif sujet à contestation devant la juridiction administrative, pouvant être assorti, le cas échéant, d’un référé suspension.
Quels risques si je continue mes travaux ?
En cas de continuation des travaux nonobstant la décision judiciaire ou l’arrêté en ordonnant l’interruption, les personnes visées au deuxième alinéa de l’article L. 480-4 encourent une amende de 75 000 € et une peine de trois mois d’emprisonnement.
Ces peines sont également applicables en cas de continuation des travaux nonobstant la décision de la juridiction administrative prononçant la suspension ou le sursis à exécution de l’autorisation d’urbanisme.
Sans attendre le verdict de la juridiction que vous pourriez éventuellement solliciter, le Maire a le pouvoir, voire la responsabilité, d’utiliser ses pouvoirs de police pour stopper immédiatement les travaux en cours. Pour s’assurer de l’arrêt du chantier le Maire, l’un de ses adjoints ou tout agent spécialement habilité et mandaté à cet effet peut procéder à la pose de scellés, accompagné d’un huissier de justice.
Et si vous décider d’enlever les scellés ?
Si vous, ou l’entreprise, décidez de retirer les scellés sans qu’une décision de justice préalable ne vous y autorise, la commune pourrait alors faire remonter l’affaire au Procureur. À mon avis, celui-ci ne manquera pas de prendre des mesures sévères en engageant des poursuites pénales à votre encontre..
Arrêt Interruptif de Travaux, comment réagir ?
- Comprendre l’Arrêté Interruptif de Travaux (AIT) :
- Prendre connaissance du courrier notifiant l’arrêt de chantier.
- S’informer sur les raisons spécifiques de l’arrêt en se référant à l’article L480-2 du Code de l’urbanisme.
- Évaluation des travaux concernés :
- Identifier les travaux visés par l’arrêt en référence à la liste fournie.
- Vérifier la conformité des travaux entrepris par rapport aux autorisations nécessaires.
- Réaction face à l’Arrêt de Chantier :
- Ne pas ignorer le courrier et réagir rapidement.
- Prendre contact avec la mairie pour obtenir des informations supplémentaires.
- Consultation d’un professionnel :
- Solliciter l’avis d’un professionnel du secteur pour évaluer la légitimité de l’arrêt et les actions à entreprendre. Vous pouvez par exemple faire appel à un architecte.
- Recours administratifs possibles :
- Examiner la possibilité de contester l’arrêt en saisissant le maire ou en engageant un recours administratif.
- Respecter la procédure contradictoire :
- Répondre dans les délais impartis aux demandes d’observations formulées par la mairie.
- Fournir des explications écrites ou orales sur les travaux litigieux.
- Situation d’urgence :
- Prendre en compte les situations d’urgence justifiées qui pourraient déroger à la procédure contradictoire.
- Par exemple: menace imminente pour la sécurité publique, risque d’effondrement, obstruction des voies de circulation, risque de propagation d’incendie, risque sanitaire, ou tout autre événement imprévu amener à s’empirer
- Documentation et preuves :
- Constituer un dossier documentaire solide démontrant la conformité des travaux ou les actions correctives entreprises.
- Recours judiciaires possibles :
- Se familiariser avec les possibilités de recours judiciaires, notamment l’annulation de l’arrêté ou le référé-suspension.
- Communication avec la mairie :
- Maintenir une communication ouverte avec la mairie pour résoudre les points de désaccord.
- Respect des délais et procédures :
- Être attentif aux délais de recours et respecter les procédures définies par la mairie.
- Envisager une médiation :
- Envisager la médiation comme un moyen alternatif pour résoudre le différend avec la mairie.
- Éviter la poursuite des travaux :
- Comprendre que la contestation de l’arrêté ne permet pas la reprise immédiate des travaux ; ceux-ci doivent être suspendus jusqu’à la résolution du litige.
- Prendre conscience des sanctions possibles en cas de non-respect de la décision judiciaire ou de l’arrêté municipal.
- Consultation juridique :
- Consulter un avocat spécialisé en droit de l’urbanisme pour obtenir des conseils juridiques adaptés à la situation.
- Prudence vis-à-vis des scellés :
- Éviter d’enlever les scellés sans autorisation préalable, car cela pourrait entraîner des conséquences pénales graves.
- Dialogue avec la mairie :
- Favoriser le dialogue avec la mairie pour trouver des solutions amiables lorsque cela est possible.
- Information sur les voies de recours :
- Être informé sur les voies de recours possibles en cas de décision défavorable.
- Envisager de faire appel à un professionnel du droit pour une assistance légale adaptée dans le processus de contestation.